En octobre 2009, Amanita Design nous sortait son dernier nouveau-né : Machinarium sur PC et Mac. Aujourd'hui, ce dernier s'offre pour une poignée de pécus (ainsi que gratuitement aux abonnés PlayStation Plus) sur le PlayStation Store. Une histoire bien huilé, des environnements élégants, une ambiance poétique ainsi que des énigmes bien retorses sont au rendez-vous dans ce qui s'apparente presque à un chef d'œuvre dans le renouveau du Point & Click.
L'enfant prodige
Amanita Design, le studio d'origine tchèque qui n'avait jusque là pondu que quelques jeux flash, avait décidé de se lancer dans un jeu (qui a eu droit à sa suite) Point & Click dont Machinarium reprendra les bases. Intitulés Samorost et Samorost2, dont les qualités graphiques et narratives étaient indéniables, ceux-ci manquaient de ce « petit quelque chose » vous savez, cette chose qui fait qu'un soft, aussi bon soit-il, ne vous hante pas, ne vous reste pas sans cesse dans la tête même après sa fin.
Et c'est là qu'apparait Machinarium, avec son univers robotique accueillant et son personnage bipode métallique mignon tout plein. Le même qui, après avoir été chassé de chez lui, tentera de désamorcer une bombe prête à exploser sur ceux qui l'ont exilés. Oui, c'est tout ce que vous aurez à vous mettre sous la dent pour le pitch du jeu. La narration muette du titre apporte également un cachet au titre, le personnage ne communique alors avec vous qu'à l'aide de bulles illustrés exprimant ses pensées à la manière d'une BD ainsi que des flash-back amenant peu à peu le passé de notre robot. Mais dites-vous bien que ce sont les péripéties qui nous permettent d'accéder à la fin qui rend Machinarium incontournable et qu'une fois lancé, vous ne tournerez le dos au titre que très difficilement.
Un amour de robot
On pourrait aller jusqu'à penser que le côté robotique, voire sans vie de Machinarium pourrait froisser ou refroidir certains d'entre vous, mais il n'en est rien et c'est bien là qu'Amanita Design nous prouve qu'ils ont plus d'un tour dans leur sac. Ils ont réussi à donner une âme, des sentiments à cette ville où tout n'est qu'engrenages et automates. Les personnages secondaires eux-mêmes sont attachants, on retrouve la bande de musiciens cherchant désespérément à jouer leur morceau ou encore la femme au parapluie qui ne trouve plus son chien et même cette tétraplégique vous réclamant de l'huile de tournesol. L'univers est animé d'une poésie inébranlable au fil de l'aventure et c'est une chose qu'on ne voit que trop rarement maîtrisée, alors profitez-en.
Saviez-vous que Machinarium a remporté le prix de l'Excellence Graphique lors de l'Independance Games Festival en 2009 ? Non ? Eh bien, c'est amplement mérité car Machinarium, entièrement dessiné à la main par l'équipe d'Amanita Design, est une véritable pépite graphique grâce au style crayonné d'une finesse rare, propre au studio tchèque. Des sons tantôt doux, tantôt métalliques, sont également à l'avenant en plus de sublimes musiques accompagnant le tout.
"Ceci est une révolution..."
Mais il y a encore un autre point où Machinarium se différencie des autres Point & Click génériques. Alors que certains vous demandent de cliquer sur un objet pour que votre protagoniste interagisse directement avec celui-ci, Machinarium vous demandera d'être à portée d'un objet interactif sans quoi vous serez bloqué un bon bout de temps. Fini le spam d'écran en espérant trouver la solution, vous devrez donc user deux fois plus de votre cerveau ainsi que contrôler la taille du robot anonyme qui peut allonger à loisir son corps pour atteindre des objets en hauteur ainsi que le rétrécir pour atteindre le ras du sol. Certains trouveront cela exigeant, d'autres plutôt intelligent, la réflexion est en tout cas bien plus présente, et on n'en est pas moins content.
À défaut d'être évidents, les casse-têtes sont logiques, variés, mais surtout très bien ficelés voire même tenant du génie (comme celui du robot oiseau perché sur son fil ainsi que celui du ventilateur). Rarement je n'avais éprouvé une telle sensation de victoire après avoir résolu une énigme qui m'aura pris largement toute une soirée. Mais si jamais vous êtes bloqué trop longtemps ou que vous en avez simplement marre d'être bloqué tous les quarts d'heure par une nouvelle énigme, deux options s'offrent à vous. La première, la plus répandue dans ce type de jeu, une petite icône illustrant un point d'interrogation qui vous indiquera l'objectif de l'énigme avec un dessin sans vous dévoiler la « recette ». La deuxième, plus originale dans son approche, vous permettra de jeter un œil à une planche de BD illustrant en long et en large les différentes étapes pour parvenir au prochain casse-tête. Cependant, cette dernière solution vous demandera de terminer un petit niveau de « shoot » où vous contrôlez une clé, histoire de mériter sa BD explicative. Rien de transcendant bien entendu, mais il fallait tout de même y penser.
Un contenu menu
Le portage sur PlayStation 3 n'apporte pas grand chose d'intéressant, si ce n'est le zoom permettant de voir de somptueux décors d'un peu plus près ainsi qu'un système de classements afin de regarder les meilleurs scores de chacun. Des trophées PlayStation vous seront également octroyés en avançant dans l'aventure, c'est toujours ça. Là où le bât blesse réellement cependant, c'est bien à la durée de vie de Machinarium. Ne tenant que sur deux bonnes soirées minimum, sans soluce, pour vous tenir compagnie, afin d'en voir le bout, l'intensité de ce voyage vaut tout de même franchement le coup et vous êtes priés d'être charmés.
Machinarium m'a marqué et restera en moi à jamais. Difficile de résister à un univers aussi bien maîtrisé en tout point : des tableaux somptueux, des musiques parfaitement accordées et des énigmes aussi tenaces qu'intelligentes. Le Point & Click prouve une nouvelle fois qu'il n'en a pas encore fini de nous émerveiller et d'innover, aussi courte soit l'aventure. Merci Amanita Design. |
Points positifs
• Un univers poétique et attachant
• Des décors à la main remarquables
• Une bande-son envoûtante
• La réflexion mise en avant
• De petites innovations par-ci par-là
Points négatifs
• Un poil trop court
Benjamin M.